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sespoir, elle ne sait plus exprimer que ces adieux déchirants :


XI


« Adieu ! ma belle ville, fleuve aimé, collines en fleurs, et toi flambeau du jour qui daignais sourire à mon bonheur. Adieu ! — La nature est trop belle pour supporter la vue de mon infortune !

» Adieu ! monde qui poursuis de tes outrages les plus sanglants la fille des plus pauvres, victime de sa foi. Monde impitoyable et lâche, adieu ! — Tu me refuses le travail et l’estime. Et moi je refuse le pain de tes aumônes, et je suis trop fière pour boire les larmes de mon honneur mêlées au fiel de tes mépris !

304 « Adieu ! folles compagnes de ma jeunesse. Puisse ma mort vous sauver ! Puissiez-vous prendre garde aux belles paroles des garçons ! Puisse votre premier amour ne pas dévorer votre fraîche existence ! À vous adieu !

« Adieu tous ceux que j’aime ! Pardonnez-moi ma mort. Car cet amour, c’était ma vie ; mort cet amour, il me fallait mourir ! Pour moi malheureuse la terre était vide. Je voyais des crêpes sur toutes choses : sur les murs de la mansarde, sur les fruits des arbres, sur les flots limpides, sur l’azur du ciel, sur la blanche couverte de mon lit, sur les yeux de mon enfant ! Tous ceux que j’aime, adieu ! Pardonnez-moi ! !

« Adieu tout ce qui respire, tout ce qui joue,