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Ainsi dit la fille à la longue chevelure. Puis elle regarde la fenêtre ouverte, serre la fragile créature sur son sein palpitant. Et bondissant sur la pierre, les yeux hagards, les cheveux frémissants d’horreur, elle s’élance, invaincue, dans les âges futurs ! — Heureux, heureux les morts ! !…

… En ce moment on vit un rayon de soleil fendre la nue ; le jeune Phénix battit le firmament de son aile qui jamais ne brûle. Et les cieux retentirent comme les harpes d’Éole touchées par le souffle de l’Inspiration.

On vit aussi l’oiseau noir fondre sur le pavé de la cour et longtemps se débattre dans le sang des morts qu’il avait tant aimés !…

Ainsi meurent les vierges. Et malheur à qui les trompe !


X


Ainsi va notre monde. — L’amour tue, la douleur entretient la vie ; la mort des uns fait marier les autres.

Le jour où Marina succombe, trahie dans son amour, le valet du roi présente à la bénédiction des prêtres sa fiancée nouvelle.

Dans cette heure suprême deux jeunes filles se promettent : l’une à la Mort, l’autre à l’Époux.

Oh ! l’amante légitime plaint le sort de sa rivale ; mais elle ne sent pas encore les épines cachées sous les roses de sa couronne ! Et le valet du