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se brise sur les pavés de la cour. Malheur ! Le sang appelle le sang…


IX


« Ô Mort ! dernier asile des êtres affligés, je t’implore à genoux ! Jamais vierge au blanc corsage ne parut plus belle à son fiancé que tu ne me parais, ô Mort ! Squelette de l’Espérance, attends-moi deux secondes ; une prière à Dieu et je suis dans tes bras. » — Ainsi chantait la Marina.

— Elle valait bien la peine d’être ramassée, la sainte femme à l’œil noir. Et la Mort qui passait arrêta son char. —

« Tu m’es témoin, Seigneur ! reprend-elle, que j’eusse aimé la vie pour cette enfant, pour son père et pour moi ! Tu m’es témoin que je voulais rendre heureux, être heureuse ! Tu m’es témoin 302 que le dernier battement de ce cœur et sa bénédiction suprême sont pour celui que réjouira ma mort !

« Joie, Bonté, Bienveillance, doux effluves d’Amour, Étoile d’Espoir, roulez, feuilles mortes, à l’abîme des temps qui ne reviendront plus ». Et déchirant son voile : « Ainsi passe ta gloire, ô monde, et ce qui vaut mieux ton bonheur !

« Et toi, viens mon enfant, sur le cœur de ta mère. Les cieux dorés s’ouvrent devant nous ! Entends le chant des anges qui nous attendent, joyeux ! Félicité d’en haut, éternelle Justice, jette un regard sur nous qui mourons pour toi ! »