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— Merci de ton offre hospitalière, mais je ne saurais en profiter. Marina tu es bonne, mais cruels sont tes semblables. Chaque jour je bénis ma mère qui m’apprit à me passer de leurs foyers. Et mes enfants me béniront quand leurs plumes devenues fortes, je les entraînerai sur ma trace dans les airs sans limites.

« Car je suis l’Oiseau des promesses dont la fécondité peuple tous les climats. Je suis l’Hôte béni qui ramène les beaux jours. Je suis la Voyageuse à l’aile intrépide. Je suis la Prophétesse qui chante sur les ruines des empires. Je suis la Voix de l’éternelle Révolution. Je suis la fille sauvage de la Liberté sainte et je meurs dans l’esclavage. J’habite les palais et les chaumières ; je connais civilisés et barbares, blancs et noirs, forêts et navires, sud et nord, cieux et mers, enfer et paradis. Je vois plus en un jour avec mes yeux perçants que les savants, dans toute leur existence, avec leurs instruments de cuivre… Trop tôt hélas ! il te souviendra, ma sœur, de ma prédiction !… »


VI


299 … Et pas plus tard que ce soir-là se vérifia pour la pauvre fille la prédiction de l’hirondelle.


Les vents ont fait silence. De ses rayons sanglants le soleil dévore les eaux répandues sur la