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venge la chute de Rome, la honte de la France, les pleurs de l’Europe libre et la mort de Saturnina, l’Italienne à l’œil noir !

Combattre, c’est prier !


V


Italie ! Italie ! ma nation bien-aimée, que ne sais-je traduire mes pensées dans ta langue si belle ! Que ne puis-je atteindre à l’harmonie divine qui présidait aux œuvres de tes grands immortels ! Pourquoi faut-il me débattre, malheureux prisonnier, dans le labyrinthe d’un idiome de rhéteurs et d’avocats ? Que ne m’exilait-elle plus jeune, la patrie des soldats, des prêtres et des juges qui te porta le coup mortel, ô ma noble Italie ! !

Alors ma langue souple et mon âme flexible se fussent développées aux accents de ta voix. Alors mon œil riant eût supporté l’éclat de tes lumières si vives, les teintes ardentes de tes tableaux et la chaleur de ton soleil. Et maintenant, je ne t’écorcherais pas, comme un jargon du Nord, dans ma bouche vandale. Et je ne rougirais pas de mon ignorance près des frères italiens que me donna l’exil.


Italie ! Italie ! grande autrefois, grande maintenant, célèbre dans la liberté comme dans l’esclavage ! Contrée toujours illustre de Romulus à