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II


Prier, c’est travailler !

Justice, Vierge immaculée qui cesses de nous plaire dès que tes yeux sont battus et ta taille grossie ! Justice, la plus précieuse des aspirations de notre jeunesse : je t’adore sous les traits d’un aimable enfant !

Viens donc, réjouis mon cœur, garçonnet de douze ans, plus savant et plus droit que les magistrats et les docteurs des Juifs, 568 toi qui les confondais ! Souris-moi, Christ que j’aime dans l’âge où tu n’étais encore ni chef de religion, ni Dieu, ni tout-puissant. Alors toute ta science était la vérité, l’espérance et l’amour. Alors toute neuve, irrésistible, la pensée s’emparait de ton âme naissante. Tu brillais d’illusions, la lutte te passionnait, tes propres discours te faisaient trembler comme la feuille du bouleau. Tu traversais alors, plein de courage, les premières épreuves de cette vie d’apostolat et de martyre qui eut pour trône, pour chaire et pour croix le Calvaire glorieux.

En toi je révère l’enfance future, l’enfance bienheureuse qui nous prédira l’avenir, nous ravira de terre, nous rendra cette confiance en nous-mêmes sans laquelle nous sommes incapables de grands desseins, et nous prenant par la main, nous entraînera, nous imposera ses vives croyances.