Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme des coqs glorieux. 294 L’un d’eux porte chaîne d’or au cou, diamants aux doigts ; sa parole est plus distinguée que celle des autres : c’est un valet du roi !

Prends garde, ô jeune fille ! ne t’éloigne pas ainsi de tes compagnes.


III


Depuis ce soir funeste deux semaines ont passé…

Pourquoi pleure la jeune fille ? Pourquoi ne sort-elle plus de sa chambre solitaire ? Pourquoi laisse-t-elle ses beaux cheveux en désordre et son travail inachevé ?…

Amour, Amour ! tu commences et tu finis par de cuisants regrets. Et tu noies dans des torrents d’amertume la seule goutte d’ivresse que tu verses, rieur, à notre cœur mortel !

Je t’aime ! Il n’avait dit que ces deux mots, le jeune homme à la voix sonore. Et maintenant ces mots vibraient dans tout l’être de Marina comme la Parole créatrice dans l’Éternité profonde. La lumière s’était faite dans son âme, lumière infinie, dévorante !

Je t’aime ! Elle n’entendait plus dans le monde que cet hymne des bienheureux ; elle le répéterait toute sa vie, dans les prières du soir et dans celles du matin. — Ainsi rêvent les vierges. Et malheur à qui les trompe !