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— C’est un sauve-qui-peut général. Des populations entières se couchent à plat ventre et jettent dans le lit des fleuves leurs fusils et leurs faulx. La France est prise de dysenterie, de panique. Et les nations d’Occident, qui se rient beaucoup d’elle, ont bien grand mal au cœur.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

Rien ne leur résistant, les bandits s’encouragent. « Pille, massacre, mitraille et pends ; tue, tue ! Holà ! Tantbeau, Briffault, Ravageaud, Sangrado ! À corde ! À feu ! À guerre ! — Tayaut ! — Courage mes braves de Décembre ! Rincez-vous la gueule avec du sang ! Buvez, corbleu ! bonne chère ! Faites des bûchers avec des cadavres, et réchauffez autour vos mains mortes de froid ! Cassons les verres : c’est le bourgeois qui paiera. »

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.


Hallali ! ! La France est à genoux, celle de Clovis, de Louis XIV et de la République, la réchappée du premier Empire : à genoux sous la botte d’un écuyer de cirque. Alors piqueurs de sonner victoire, et chevaux de flairer la bête, et baudets de la frapper du sabot, et mâtins de mordre, et valets d’écurie de fouailler, et courtisanes de rire, et Badinguet de paraître, comme l’infernal Dieu de Sophocle, comme le boucher ou le bourreau, tenant son coutelas en main !

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

Ah ! du moins quand elle a fléchi sur ses jarrets, quand elle a pleuré tout le sang de ses veines,