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LA CHASSE DE L’EMPEREUR.




Août 1855.
De quelque part.


« Tayaut ! Tayaut ! Le peuple chasse. »
G. Matthieu.


559 Il est parti, le marchand de moutarde, le héros piteux de Strasbourg et de Boulogne, le maudit qui ne s’éveille que pour le massacre et le parjure, le conspué, Badinguet premier du nom ! Il est parti pour la chasse à l’homme.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

Hurlent autour de lui les mâtins de sa meute : molosses au croc vorace, griffons fouilleurs d’entrailles, hauts-pieds aux longues oreilles, bassets à jambes torses, lévriers d’Espagne et d’Afrique, terriers d’Écosse. — Chiens de tout poil et de toute allure, courants, couchants, rampants surtout. — Chiens de haute et de basse-cour qui lancent, suivent, forcent et déchirent pour avoir le restant de boyaux dédaigné par leur maître.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.

Piaffent autour de lui vieux chevaux et chevaux neufs, chevaux légers ou lourds, chevaux borgnes et morveux, chevaux de fiacre, de sacre, de remonte et de rechange ; les baveux et les 560 pous-