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hideux que celui du gouvernement gonflant ses fonctionnaires avec les impôts et les souffrances de l’humanité !


Mon juste courroux m’a déjà fourni bien des expressions dédaigneuses, bien des termes triviaux et des comparaisons flétrissantes pour stigmatiser de pareils êtres ; cependant je ne suis pas satisfait encore. Oh que le dictionnaire français est pauvre !

Que je les appelle crapauds, je mentirai : car le crapaud a la pudeur de ne pas se montrer au jour ; — que je les appelle porcs, je mentirai : car si le porc est sale, du moins il n’est pas traître et sert à quelque chose après sa mort ; — que je les appelle vipères, je mentirai encore : car la vipère est gracieuse ; — que je les appelle hyènes, je mentirai toujours : car la hyène ne s’acharne que sur les cadavres.

Que je les nomme infâmes, ils hausseront les épaules comme des gentilshommes ; — que je les nomme assassins, ils se prétendront mouchards ; — que je les nomme mouchards, ils se diront voleurs ; — que je les nomme souteneurs de filles, ils se proclameront amis du ministre ou de l’ambassadeur. — Je renonce à les qualifier ; sur leurs échines ma plume s’ébrécherait sans que j’y parvinsse. Involontairement, quand j’en parle, la main me démange, le crachat me vient à la bouche, et la rage à la dent.

Que je les chasse par la porte, ils rentreront par