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lâche à faire accabler tout ce monde-là par la postérité !

Allons, ô plats sujets du Pape et de l’Empereur, Français nés malins qui faites la risée de l’Europe : voilà ma tête ! Coiffez-la, si vous l’osez, du bonnet de Momus ; attachez-y pour grelots tous les diadèmes de vos rois. Et je vous réponds d’avoir assez de force dans la nuque pour leur faire sonner un carillon comme on n’en entendit jamais du temps que ces joyaux étaient portés par leurs altesses sourdes et muettes.


Car c’est moi, moi le fou, qui, depuis tantôt quatre ans, vous annonce la Guerre et l’Invasion maintenant à vos portes ; c’est moi, le fou, qui ai prédit la chute de la Démocratie hurleuse et de l’Empire flegmatique, les trahisons, disettes, fléaux, pestes et tremblements de terre ; — c’est moi, moi le fou, que les événements justifient de tout point et dont ils semblent attendre la parole pour se dérouler comme autant de serpents ; — c’est moi, le fou, qui n’avance rien sans preuves, qui mets en défauts tous vos sages, et qui, malgré vous, remplirai la mission prophétique que je me suis donnée !


Lecteur, je te suppose nerveux et ami du beau. — Incline-toi pour le compliment, et continuons s’il te plaît. — Je me persuade que tu ne peux pas voir une mouche dans du lait, un noir sur le sein d’une femme, un hibou parmi les petits oiseaux,