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faisiez voir pour un sou ? Si vous le décoriez ? !…

— Car je ne sais, sur ma parole, comment vous pourriez récompenser assez dignement un si précieux sujet, un fonctionnaire qui a sauvé la Savoie du plus incorrigible des anarchistes ! —


Si tu me croyais fou, race vendue, tu serais heureuse de m’entendre agiter mes grelots sur les masses et demander au bon sens public la justice qui m’est due. Non, tu ne poursuis pas les fous avec cet acharnement ; non, tu ne les fais pas expulser de tous les pays d’Occident. Si tu ne le craignais, tu n’entourerais pas de tes attentions spéciales celui qui n’a que sa pensée pour force. Tu serais prise de vergogne et ne voudrais pas l’apercevoir davantage qu’il ne t’aperçoit, lui. Non, tu n’entretiendrais pas à Turin, Berne, Genève, Lausanne et Londres quelques mouchards de plus en son honneur. Et tu ne le ferais pas accoster dans les rues par tes agents méprisables, tarés, taxés, connus par tous, et que lui ne veut pas connaître.

Dites donc, dites donc, Grandgousiers magnifiques, que vous êtes plus empêtrés que gouvernants ne furent oncques ; avouez 551 qu’une parole de franchise vous fait trembler comme une assemblées de mouches ; — que mes prédictions vous ont donné la chair de poule ; — que vous craignez de ne pouvoir toujours étouffer ma pensée. Non, vous n’y réussirez point, je le jure, et le jour est proche où elle sera entendue, comprise, même dans les villes et les campagnes de la France asser-