Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/443

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle déterra contre moi… en cent mille, en millions, je te le donne encore !

Tu ne devines pas, tu jettes ta langue aux chiens : je m’y attendais. C’est qu’en effet, intelligent comme tu dois l’être, tu ne saurais jamais imaginer pauvreté pareille dans l’esprit de gens qui ont tout à leur disposition, jusqu’aux académiciens, jusqu’aux forçats libérés, jusqu’à M. Gisquet, jusqu’à M. Vidocq, jusqu’au crime… Je vais donc te le dire : les mouchards des brigades européennes de sûreté m’accusèrent de folie ! Oui, relis cette phrase, ouvre bien grand les yeux et les conduits auditifs, lecteur ; les mouchards m’ont décrété, moi, de folie ! !


Au diable le ton sérieux quand je parle de canailles de ce genre. Donne-toi carrière, ma bonne plume d’acier : sus à la Rousse, écorche-la !

Ah ! maîtres estaffiers, seigneurs porte-tripailles, beaux valets de bourreaux, rustres mal sifflés et mal léchés, chiens galeux de préfecture… c’est vous, vous les infâmes, les méprisés, les ignares, les fainéants, vous qui m’accusez de folie ? ! Mais entendez donc les rieurs, et voyez s’ils sont pour vous !

Ah ! misérables sacs à vin, vous étiez pleins jusqu’à la gorge, vous étiez bus quand vous avez inventé celle-là. Et ce n’était pas du bon encore, car l’inspiration n’est pas heureuse.

Mais d’abord apprenez donc à mettre l’orthographe sur les torchons d’avis que vous envoyez aux gens. Puis faites-vous apporter un miroir