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qu’il ne faut des mesures dictatoriales déployées contre moi ; non plus que la servante du logis, bonne femme qui mouilla plusieurs mouchoirs le jour de mon départ. Je me suis scrupuleusement gardé de la moindre appréciation irrévérencieuse sur MM. les réfugiés, parfaitement bleus et frrrançais, tolérés et estimés dans les Royaux-États. Les bons paysans, les beaux petits enfants et les chiens de chasse du voisinage étaient de mes amis. Je suis trop rêveur, trop ami de mon repos et de mon travail pour sortir des intimes jouissances du foyer et passer au café une seconde de mon temps ; je me respecte trop pour m’occuper de politique et de police, pour voir tout le monde ; je ne parle beaucoup qu’à 549 deux ou trois amis. Un homme de mon espèce est le cauchemar de l’autorité ; elle n’en peut tirer ni un renseignement, ni une injure, ni un oui, ni un non, pas même un point à mettre sur un i. Quel prétexte les plus zélés pouvaient-ils donc trouver pour me bannir des tranquilles domaines de S. M. chrétienne ?… En mille, en dix mille, lecteur, je te le laisse encore…

Je veux t’aider un peu. — Si la police a résolu de te jouer quelque mauvais tour, ce sont les bonnes raisons qui lui manqueront le moins, quand même tu ne lui en fournirais pas plus que M. Bonaparte ne donne de bonheur à la France pour tout son argent, son honneur et son sang. Puisse-tu ne jamais t’en convaincre par expérience propre, ô lecteur mon ami ! En vérité je te le dis, il faut que la police trouve des prétextes ; et celui