Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/425

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’homme a mis pied à terre. Le cheval flaire les herbes embaumées. Le chien des troupeaux s’élance pour défendre sa maîtresse et tombe victime de sa fidélité. — Soyez honnête, mais soyez faible ; il vous en sera fait autant.


Il la charge sur le dos du fier coursier, le Chevalier maudit ! Des arçons de sa selle, il retire des cordons de soie tachés de sang et les passe sur les reins de la fille éplorée qui appelle sa mère. Deux nœuds, trois nœuds…… « Je souffre bien, crie-t-elle, mon gracieux seigneur, épargnez-moi ! — Et seule, la Tempête lui répond de son rire infernal.

Mais lui serre davantage l’enfant tremblante, et lui ferme la bouche avec la crinière de son cheval. Puis ramenant les deux bouts des liens meurtriers entre ses dents de marbre, il plonge ses éperons jusqu’à la racine dans le ventre de sa bête. — Ce n’était pas la première expédition de ce genre qu’ils faisaient ensemble.


« En avant, Bravo ! Vole sur l’aile de la Nuit, par les ravins et les rochers, les forêts et les fondrières ; suis la seconde qui passe ; étonne l’air et les vents par la rapidité de ta course ! La 538 fortune est belle. En avant ! En avant ! » — Il animait ainsi son cheval, le Chevalier du Lac.

Un bond encore ! Les voici sur le bord de l’abîme béant. Les roseaux frémissent aux hennissements bien connus du coursier ravisseur ; dans les mai-