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La bergeronnette des rivages chante : « Joie ! Joie ! Je suis la sœur de Vénus, mère d’Amour et des Grâces. La même heure nous vit naître de l’écume des flots, et le balancement de mon corps rappelle le voluptueux frisson de la vague qui me donna le jour. Je suis fière et coquette ; je m’élève dans l’air, entraînant mon amant à ma suite. Nous nous poursuivons, nous agaçons, nous chatouillons des ailes. Et quand nous avons trop aimé, nous buvons à longs traits la fraîcheur du lac bleu.

» Gloire à toi, saint Amour ! »


Quand le soleil arrive au plus haut de sa course, l’aigle royal s’élance du sommet des glaciers. Son cri superbe ne parvient pas jusqu’à nous qui nous traînons péniblement sur terre. C’est l’aigle qui dit à l’astre des jours : « Salut ! Salut ! aimant de mon regard, ô souverain des mondes, Phœbus aux cheveux d’or ! Quand tu te lèves, les plus beaux peuples se prosternent pour chanter ta gloire. Et quand tu te couches, les peuples les plus braves déploient leurs voiles pour suivre au sein des mers ton brillant incendie. Moi, j’aime ta lumière et ta fécondité. Et quand tu embrases la voûte bleue, je tords mon cou sur le cou de ma compagne fauve, et je chante et je dis : sois heureuse, ô ma reine, d’être aimée par le roi des cieux. Et nous crions tous deux :

» Gloire à toi, saint Amour ! »