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seules, les sociétés peuvent remuer les sociétés ; puisque, seule, la guerre peut réveiller les révolutions endormies ; et puisque je ne suis qu’un homme sans or, sans ambition de pouvoir, sans intrigue, sans autre puissance que la pensée… Puisqu’il en est ainsi…

Je resterai dans la médiocre aisance que m’a faite le hasard ; 530 je remuerai des idées scandaleuses, je fouetterai des vengeances fécondes, je ferai crier le Pamphlet strident et l’amère Ironie !

J’enroulerai des serpents autour de mon bras. Et je ne craindrai que leurs morsures. Et je frapperai de leurs têtes à droite, à gauche, en haut surtout, les entrailles trop pleines ! Et je troublerai leurs digestions et leurs nuits béates !

Aux événements je dirai : galopez, galopez sur des chevaux de bataille, roulez au bruit du canon, devancez la fanfare des clairons éclatants ! Guerre, rends-nous la Paix, et toi, Vol, la Justice, et toi, Prostitution, l’Amour ! Débordez, Torrents de fange et de luxure, sur cette société noire ! Escadrons ennemis, Venins et Fléaux, épaves de l’Enfer, broyez les hommes, violez les femmes, dansez, trépignez sur les villes fumantes ! Qu’on ne sache pas d’où vous venez, où vous allez ! Qu’on ignore pourquoi vous avez commencé, pourquoi vous continuez, comment vous finirez ! Que je vous suive, moi seul, échevelés, salaces, inassouvis, jusqu’à la mer de sang où vous irez vous débattre et mourir. Je vous ai donné la note de l’harmonie, la mesure de la valse, quand j’ai crié : Hurrah ! ! !