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les ravins, pareil à ces héros de nos luttes civiles, intrépides dans les mêlées, pleins de sérénité dans leurs familles, pareil à vous, Guillaume Tell, Washington, Buonarroti, Bolivar !

J’aime le pays où le ciel et l’eau rivalisent de clartés ou d’horreurs noires, où les panoramas sont grandioses, les monts roses et argentés ; où tout est ferme et droit : le sapin sur les pics, les saisons sur leurs trônes, et l’homme sur un pauvre bateau que flagelle l’orage, ou dans l’âpre montagne où se réjouit la bise des hivers !


J’aime la patrie des vaillants et des forts, la Savoie batailleuse, pépinière de guerriers. J’aime les trois couleurs et la croix de ses bannières. J’aime les braves gens qui rendent amour pour amour et franchise pour franchise ; dont le foyer est large et l’âme ouverte, qui ne font mordre à leur feu que des gros troncs de chênes, à leur cœur, que de grands sentiments.


Ici tout est neuf, tout est pur. L’air est bon aux poumons ; la terre est arrosée d’azur, de soleil, de fraîcheur et d’eaux vives ; le bonheur crie dans l’eau, dans l’herbe, dans la fleur. Les bains sont salutaires ; les zéphyrs vous caressent avec tant d’amitié ! L’orage est sur les cimes, et la joie dans les plaines.

Et penser qu’il y a des plantes, des oiseaux et des jeunes filles qui s’étiolent dans les villes mansardées, quand il est sous les cieux de semblables