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vallées fertiles, la patrie de l’aigle et du roitelet, du sapin et du saule, du chamois et de l’ours fauve !

Voyez-la ! Sa tête est couronnée d’un casque de glaciers ; elle élève jusqu’aux cieux son rouge panache de rhododendrons ; à ses pieds s’étalent les beaux lacs d’azur et les verts rubans du jonc flexible, les sources thermales qui rendent la santé, les mines qui donnent la richesse, les plaines aux grains d’or, les prairies plantureuses. Sur ses robustes flancs croît la vigne, la toujours jeune, l’enivrante, l’amoureuse, la patronne des joyeux délires qui grandit au choc des coupes et mûrit, étendue sous le grand soleil, paresseuse comme un lézard vert !

525 J’aime le pays où les éléments amis se fascinent, s’enlacent, se pénètrent et se marient dans de puissants transports ; où l’on trouve de l’eau sur le faîte des rochers, des rochers au fond des lacs, des nuages balancés aux flancs des précipices, des vallées captives dans des géhennes de pierre, de la glace en été dans des maisons antiques, de la chaleur en hiver, dans des campagnes fortunées qui rappellent les tiennes, Andalousie la belle !


J’aime les riches torrents étendus sur les côtes des monts, comme des fils d’argent sur le front des vieillards ; les cascades qui secouent dans l’air les mille pans de leurs robes ; l’arc-en-ciel qui se mire paisiblement dans le chaos des neiges et la poussière des eaux ; j’aime le Fier majestueux et limpide, qui roule ses ondes tournantes à travers