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vos divins charmes dans leurs reflets bleus ou roses. De vous je ne demande que cela. Donnez ensuite ce que vous voudrez à votre curé d’abord, puis à votre époux. Et que le public se contente du reste ! —

Donc, entrez sur mes pas. Voyez apporter entiers et reconnaissables tous ces corps qui ne sortiront d’ici que par morceaux. Entendez résonner toutes ces têtes sur le dernier oreiller qu’elles auront en ce monde, le billot de bois dur où d’autres, par centaines, ont laissé leurs cheveux. Il en arrive ainsi vingt environ par salle ; à Paris, c’est au moins cent qu’il en faut par jour !

Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Les étudiants courent à ces dépouilles comme les ânes à l’avoine ; ils leur font fête dans la langue des professeurs : un patois renouvelé du grec, très distingué sans doute, mais dont ils ne comprennent pas le premier mot, car ils sont bacheliers. Il fixent leurs cadavres, dans toutes les positions, à la table d’étain où l’on torture la mort ! Ils étendent les uns sur le dos, comme des crucifiés ; ils allongent les autres sur le ventre ; ils mettent ceux-ci par côté, ceux-là de travers, plusieurs la tête pendante, ou bien encore les pieds en l’air, souvent les bras repliés derrière les épaules, croisés, attachés là pour empêcher au corps de glisser !

Régalez-vous, Mesdames, voilà le plaisir !

Ils essaient ensuite leurs instruments sur les doigts, les lèvres et les gencives ; ils rasent les cheveux et la peau du crâne pour en finir plus vite.