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Station de l’Amphithéâtre ! — Dans le monde très comme il faut, parmi les femmes nerveuses et blondes, il est de fort bon ton de rechercher des impressions rudes. Ces dames témoignent souvent aux étudiants le désir de visiter les salles de dissection. Elles disent, les misérables, que cela leur procurerait des émotions délicieuses. L’administration, généralement bête et faisant ordinairement tout mal, a du moins eu le bon sens d’interdire aux femmes l’entrée des préparations anatomiques. Cependant puisque vous y tenez, Mesdames, moi qui n’ai rien à vous refuser, je vais vous ouvrir à deux battants les portes de l’amphithéâtre !

— Mais avant, promettez-moi de me lire et de ne rougir point. Personne ne saura jamais que vous avez ouvert ces pages. Et si quelque maladroit parle de moi devant vous, virginalement vous 515 baisserez les paupières, tousserez en mi bémol et direz sèchement qu’une femme respectable ne saurait entendre mon nom. Ce petit mensonge vous fournira l’occasion d’une visite à votre confesseur. Et quant à moi, je ne me plaindrai pas d’être renié par vous en public, si, dans le particulier, vous faites bon accueil à ces très moraux et très seigneuriaux Jours d’Exil. Je serai très fier si vous vous entretenez avec moi seul quand il fait nuit bien noire, quand l’orage se réjouit au dehors, quand la douce veilleuse se consume en pleurant dans son vase d’albâtre, quand les rideaux de soie bien tirés encadrent