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l’autre se préparent à apaiser les plus vives tortures que l’homme puisse ressentir.

L’Enfer est sur la Terre !

Mais le fossoyeur est souillé de terre, et le bourreau teint de rouge, de la tête aux pieds. Et dès que le premier approche ses 503 lèvres du crâne, le sang s’élance et rejaillit sur la face du second. Et dès que le second approche ses dents de la chair, celle-ci fuit, par une attraction mystérieuse, sous les pieds du premier. En sorte qu’avec le temps le visage du bourreau devient écarlate comme la gueule d’un volcan, et les jambes du fossoyeur bouffies comme celles d’un hydropique. — Malédiction ! s’écrient-ils tous deux, nous sommes condamnés à être tout ensemble affamés et repus pendant l’Éternité !

Et dans leur rage aveugle, ils se précipitent l’un sur l’autre ; celui-ci pour boire, celui-là pour manger de l’homme vivant. Effroyable baiser ! sauvage délire qui demeure inutile ! De ses voraces dents le bourreau ne saisit qu’une chair insapide, et le fossoyeur sent ses lèvres brûlées par le sang qui coule des veines enflammées du bourreau !

L’Enfer est sur la Terre !

Autant de minutes il y a d’un soleil à l’autre, autant de fois ils renouvellent la lutte épouvantable ! Autant il s’échappe de gouttes de sang du crâne où ils boivent, autant en versent leurs veines pour le remplacer ! Autant il manque de morceaux de chair sous leurs pieds, autant de lam-