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moitié vêtu, moitié nourri, sans précautions, sans soins. — « Herbe sauvage est tôt venue. »


Les Malthusiens disent aux pauvres : amusez-vous, croissez, faites des garçons et des filles : il nous en faut. Ils ne nous coûtent pas plus à nourrir qu’à mettre en terre ; aux petits des oiseaux Dieu donne pâture et sépulture, pourquoi ne les donnerait-il pas aux petits des pauvres ? Quant à nous, plus il passe d’hommes sur la terre, et plus il en entre dans nos fabriques, et plus l’offre du travail est grande, et moins nous le payons. Nous sommes les exploiteurs, les économes qui glanons dans le champ vital tout ce qu’épargne la Mort ! — « Le meurtrier se lève au point du jour et tue le pauvre et l’indigent ; de nuit il dérobe comme un larron. »


Depuis que la force de la machine remplace l’intelligence de l’homme, l’activité, la vigueur, la santé, les facultés de celui-ci tournent contre lui-même. Le travailleur est réduit au rôle d’un instrument qui en surveille d’autres et semble encore moins animé qu’eux. Pour faire cet ouvrage d’automate, la femme, l’enfant suffisent et coûtent moins cher que l’homme. Le calcul des intérêts n’a point de limites. Plus l’être est faible et chétif, moins il exige de salaire. D’où résulte qu’on spécule sur la maladie, le défaut de forces ; — que les hommes sont chassés de l’atelier par les femmes et les enfants ; — et que, dans les grandes villes