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nés. Et sur une couche d’or, sous des rideaux de pourpre, la Vermine et la Scrophule comme il faut se gratteront leur lard ! »

En vérité je vous le dis, l’infernale imagination des anciens est dépassée par les réalités de la vie présente. Les pâles divinités de l’Achéron, du Styx et de toutes les ondes mortes qui baignent l’Érèbe ont tari, de dépit, les sources de leurs urnes, depuis qu’elles voient s’étaler et grandir sous nos pieds les lacs de soufre et de poix, les étangs de pestilence et de mal !

Oui, depuis que les Fléaux, les Miasmes délétères, la Contagion, la Gangrène et la Mort quittent si souvent leur antique séjour pour s’esbaudir dans le monde des vivants…

L’Enfer est sur la Terre !


484 Quand la triple Hécate, noir-voilée, protège le repos et les amours de tous, alors se lève la triste cohorte des travailleurs de nuit. Ce sont les compagnons des souris chauves ; ceux dont nous venons de parler et bien d’autres encore : les allumeurs et surveillants des becs de gaz qui perdent la vue pour donner le lumière aux autres ; les boulangers qui fredonnent tristement la complainte de leur mort hâtive, qui la sueur au front, la fatigue aux poignets, moitié nus, soulèvent d’énormes poids de pâte et râlent dans des fournaises ardentes ! — Leurs nuits sont faites pour souffrir !

Les voyez-vous tous, pâles, maigres, se traîner