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Les drapeaux du roi s’avancent, du roi des Enfers !


La Blouse ! — L’habit des jours et des dimanches, sali par le frottement de mains calleuses, déteint contre les établis et les enclumes, usé, froissé par les veilles et l’incessant travail, rongé par les acides, brûlé par les étincelles, troué par les échardes de bois et les débris de métaux, taché par les corps gras, noirci par le charbon, trempé de sueur, et trop souvent, hélas ! de sang ! !

L’Étendard noir ! — Emblème lamentable d’une longue existence de douleurs ! Il est rougi par les larmes cuisantes des femmes et des enfants, victimes de la tâche et du paupérisme ! C’est l’impérial manteau de la mort, porté par des créatures qui végètent à peine, qui perdent beaucoup chaque jour et réparent peu chaque nuit, qui mangent du pain noir et produisent l’or !

Hélas ! on répare moins les ouvriers, ces machines vivantes, que les machines inanimées, ces cadavres travailleurs, qu’ils galvanisent ! On leur prend de salaire, de nourriture, de sommeil, de repos, de graisse, de sang, de force, de santé, de vie plus qu’ils ne peuvent donner ; on les foule, on les pressure comme raisins en vendange ; on les oblige à marcher, à courir, à se surmener 478 eux-mêmes, à traîner des chariots, à fouiller la terre, à battre les eaux et les montagnes, à marteler, à porter d’énormes fardeaux, à risquer leur vie sans