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savons encore, grâce à une expérience de six mille ans, positivement supérieure à toutes les doctrines du vertueux maître d’école Auguste Comte, nous savons, dis-je, par nous-mêmes et par tous que l’altruisme n’est pas précisément le mobile de l’homme quand les moyens lui sont laissés de conspirer avec son égoïsme la ruine de son semblable.

Au contraire, dès que tous les biens de la terre seront convertis en instruments de travail et de reproduction générale, dès que l’activité de l’homme pourra se déverser, s’épancher sur toutes choses, la production et la consommation n’auront plus de bornes ; une distribution haletante, équitable, les équilibrera, les excitera, les provoquera sans cesse. Alors tous les hommes concourront, suivant leurs aptitudes, à un marché sans limites qu’ils exploiteront au moyen de signes d’échange et d’ateliers innombrables, — instruments de fabrication appartenant à l’humanité. Alors tous les hommes seront des ouvriers qui exécuteront pour la masse sociale des travaux attrayants et spéciaux, tout en conservant leur liberté d’action. Alors les lois de la production et de la consommation, ainsi que les taux des valeurs, seront établis par le fait même d’une circulation incessante de tous les biens de la terre entre tous les membres de la société. Or nous savons, à n’en pas douter, que la justice est impartiale quand elle repose dans les mains de tous, quand chacun est gardien de son bon droit. Nous savons, grâce