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miers, la malédiction, les soucis, les remords pour les seconds. — Privilège étrange en effet, celui que tous veulent conserver et qui ne profite en définitive à personne, la roue rapide de la fortune précipitant les hommes en un instant du faîte des grandeurs au gouffre d’infortune ! — Mirage d’un faux bonheur, nous détournant de la poursuite du bonheur véritable qui, pareil au soleil de justice, nous réchauffera tous sans brûler personne.

Révolution, grande déesse à la marche inflexible, faut-il te bénir, faut-il te maudire, loi qui n’avances qu’en brisant, en déchirant ? Faut-il seulement relever nos morts, et pleurer, et leur donner sépulture paisible, et te regarder courir, locomotive ardente, sur tes rails enflammés ? Faut-il que l’ouvrier détruise les machines ? Faut-il qu’il les adore ?

Ni l’un ni l’autre. La question n’est pas là. Les machines sont des instruments, elles reçoivent l’impulsion d’une volonté : voilà tout. Quant à l’intelligence qui les dirige, elle est mue par la justice ou par l’iniquité. Le principe d’aubaine est-il juste ? Est-ce légitimement que l’État et les compagnies capitalistes exploitent avec privilège exclusif les découvertes de l’industrie moderne ? C’est aux intéressés à résoudre cette question dans la droiture de leurs cœurs. Moi, j’ai prononcé, dans ma conscience impartiale et tranquille, l’arrêt de destruction de la propriété. Dans une révolution nouvelle, ce n’est pas la machine que je briserais, c’est le code civil que je livre-