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qu’elle fonctionne à son détriment, qu’elle lui ravit son pain.

Et pourquoi cela ? Parce que nous traversons une phase de transition, de décadence et de préparation, phase ambiguë, critique, marquée par la souffrance des personnes, la tension des choses, le déchaînement des désirs et l’insuffisance des ressources. Nous ne pouvons encore détacher nos corps du passé, et déjà nos aspirations entraînent nos esprits vers l’avenir : de là dilacération plus écartelante chaque jour. Les machines actuellement inventées s’appliquent sur la société d’aujourd’hui comme des membres de géant s’adapteraient sur un tronc de nain. Elles ne fonctionneront avantageusement pour tous que dans l’avenir, quand les richesses sociales plus équitablement, plus généralement réparties permettront une consommation immense qui s’accompagnera d’une production proportionnelle.

De l’absence de toute justice distributive il résulte que les machines destinées à faire le bonheur de l’humanité dans l’avenir, contribuent, quant au présent, à assurer son malheur ; — qu’elles sont nuisibles à tous, bien qu’elles paraissent favorables à quelques-uns ; — qu’elles sont dirigées par le monopole, 467 qu’elles travaillent pour lui, c’est-à-dire avarement, mesquinement, épargnant, s’arrêtant, calculant sur des intérêts exceptionnels. — Toutes conditions déplorables qui éternisent le Privilège, c’est-à-dire l’expropriation de tous au profit de quelques-uns, la misère pour les pre-