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pas malades, appauvris, comme le sang et la chair du travailleur que vous avez viciés par vos exactions ? Et quand il vous naît des enfants, quand ils se révoltent contre la tyrannie paternelle, quand ils embrassent la cause du peuple contre celle de ses exploiteurs, ne reconnaissez-vous point en eux les âmes vengeresses de ceux que vous avez mis à mort ?

Commettre l’iniquité, sachez-le, c’est éterniser la peine. Le mal fait à l’homme par l’homme revient sur l’homme par l’homme : Tout s’acquitte, tout se rend sur la terre : tortures et récompenses. Une stricte rémunération de tous nos actes, telle est la Providence ; elle règne ici-bas : c’est nous qui la faisons à notre image. Il n’est pas d’autre enfer, pas d’autre purgatoire que ceux du Paupérisme et de la Médiocrité ; chaque fraction sociale y passe à son tour, de siècle en siècle. Le pauvre d’aujourd’hui sera le riche de demain, tant qu’il y aura parmi les hommes opulence et misère.

Pleurez, femmes de Piémont ! Que vos beaux yeux fondent en larmes sanglantes ! Pleurez de désespoir, de rage et d’orgueil offensé ! Relevez-vous les premières : en Occident les hommes sont morts !


461 J’ai vu le cadavre de l’ouvrier piémontais. Et la Mort, qui ne ment pas, m’a montré ce que faisait du corps de l’homme une existence de privations et de misères. En voici la description :

Estomac réduit aux proportions de celui d’un