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journal anarchiste que Joseph Déjacque publia durant ces années-là.

On sait que les parents de Cœurderoy ne voyaient pas de bon œil ses publications, dans lesquelles le père est un peu malmené çà et là. « Mon père le (le livre) trouvera dépourvu de sens. Qu’importe ! Je suis plus âgé que mon père : j’ai vu davantage, j’ai plus songé que lui. » Le docteur Charles Cœurderoy avait cessé d’envoyer des subsides à son fils ; sa mère s’endetta pour lui venir en aide, en cachette. — Il est également acquis que le mariage de Cœurderoy ne fut pas heureux. Le témoignage de Mme Marie Cœurderoy-Rampont nous manque ; on a évité de la questionner sur ce sujet délicat. Elle faisait de la peinture ; à en juger par les petits tableaux conservés au musée de Tonnerre, dont la facture est soignée, mais où le fonds d’imagination est assez restreint, on se demandera si, avec cette tournure d’esprit, elle savait bien apprécier la fougue impétueuse de la pensée de son mari. Nourrissait-elle le projet de le ramener à la vie bourgeoise, ou non ? Et lui, avait-il su faire accepter son indépendance farouche à une jeune camarade à laquelle l’apprentissage de la liberté manquait encore ?

Enfin, nous ignorions quel fut son état de santé à partir de 1856, et quelles raisons lui faisaient dire en 1855 : « J’ai trente ans, me disais-