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Enfourchez vos chevalets, torturés de Ribera ! Monte ton coursier sauvage, hetman infortuné d’Ukraine, Mazeppa ! Bonivard, Ugolino, roulez-vous, éperdus, sur les cadavres de vos enfants morts. Fouillez, ô mes parents, vos économies dans mes entrailles ; vous avez semé l’avarice, vous récolterez la Mort ! Hurlez, Tantale et Prométhée ! Râle, Lesurques, sur la machine infâme ! Débats-toi, Montcharmont ! Montcharmont !


Je suis le fiancé de la Mort !

Et quand viendra le jour d’hymen et de délivrance, formez autour de moi la ronde infernale. Le chat Mürr jouera du violon.

En attendant, je vais. À travers un monde cruel, je traîne la chaîne retentissante de mes tortures dernières. Et j’appelle ma fiancée, la Mort, comme aux premiers jours d’avril, la fauvette écarlate appelle la verdure de la nouvelle année.

Et quand elle viendra, la Désirée, la Mort qui rachète et ressuscite, je secouerai ma tête ainsi que font les chênes au soleil du printemps. Et les vents emporteront de ma tête tout ce qu’aura flétri le souffle des hivers. Et je n’aurai plus que des cheveux noirs comme l’aile du corbeau.


Je suis le fiancé de la Mort !

Formez autour de moi la ronde, la ronde infernale ! ! Le chat Mürr jouera du violon.