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verras à tous les bataillons des trompettes déguisés en aides-de-camp. Les soldats t’appelleront par dérision l’Empereur des tambours.

» Et tu te prendras au sérieux. Et un jour que le véritable empereur passera près de toi, tu t’élanceras sur lui, l’épée nue. Et tu seras arrêté, garroté, jugé sur l’heure et enterré vif dans la Terre Promise de France. »

… Cette exécution se fera par le crépuscule du matin, l’heure des rêves sanglants !


Le front du Tsar se plissa terriblement : ce fut le dernier reflet de son orgueil terrestre. Et puis il se prit à rire, disant : « tambour-major ou empereur, au fait, cela se vaut. Le doigt de la Destruction m’a touché, je suis revenu des vanités d’avant-tombe. — Mais toi qui sais si bien conter la bonne aventure aux autres, que deviendras-tu ?

— » La réponse n’est pas difficile, Nicolas ! Je serai grand philosophe ou grand fou : cela se vaut.

— » Décidément, tu es un vrai prophète… »


… Et Nicolas disparut. Et moi je reste toujours sur la terre avec ma blessure au cœur.

… Reviens me voir encore, Nicolas ! au crépuscule du matin, l’heure des rêves sanglants !