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pris que cette guerre serait la Révolution, et que les tsars de Russie recevraient les premiers le baptême socialiste. Moi, je ne me doute de tout cela que depuis ma mort. Mais voyons, habile homme, dis-moi quel sera mon rôle quand je reparaîtrai dans l’Humanité ? »

— Et moi à lui : « Je vais te le dire, Nicolas de Russie, colosse d’orgueil et de calcaire ! Tu seras tambour-major de l’armée d’invasion. Tu te montreras fier de ton allure martiale, du rappel des tambours battants, des cris des gamins sur ton passage ; tu balanceras de main de maître le bâton du commandement. Tu seras le plus grand par la taille, le premier dans les rangs, trois fois glorieux Nicolas !

«… Tu entreras dans les villes fumantes, par le crépuscule du matin, à l’heure des rêves sanglants ! »


— « Aurai-je un cheval blanc, une belle décoration sur la poitrine, des aiguillettes d’or, un pantalon collant, des corsets, des saluts ?

— » Tu auras tout cela, Nicolas magnifique !

— » Bien parlé, garçon ! Je finirai par te prendre pour un prophète, et comme gage de ma satisfaction, je te donnerai quelque seigneurie de Crimée. »

— » Nicolas ! Nicolas ! Tu n’es plus que poussière ; et tu parles d’empire, de libéralités. La Mort t’a vaincu, superbe fils des Holstein-Gottorp ; moi, j’ai vaincu la Mort. Je puis te donner la