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tissants attachements des bourgeois aux pensées étroites. Mais tous les êtres, toutes les familles, toutes les nations, tout ce qui se meut, tout ce qui respire, tout ce qui pense ! L’Illusion, c’est le grand bonheur ; la Réalité, c’est la misérable souffrance de chaque jour !

» … Respire, ma sœur bien-aimée, respire encore quelques jours pour me dire que tu m’aimes ; que des mondes supérieurs tu pencheras vers moi ta belle tête heureuse ; que tu répandras sur mon sommeil des pavots écarlates, et des marguerites argentées, sur les afflictions de ma vie.

» Encore une fois respire, ma colombe blanche, avant de prendre ton vol vers les cieux triomphants. Et promets-moi ton amour de morte, le seul, le véritable amour !

445 » Oh ! que n’ai-je tes ailes diaphanes et ton âme sublime pour m’élancer avec toi sur les abîmes, les abîmes de l’Éternité ! ! !… »


… Mon chant la rendait trop heureuse. Et l’excès de son bonheur se traduisait par une souffrance déchirante, souffrance du regard et de la voix. Sa main convulsée pressait ma main ; sa pauvre poitrine se brisait !… Je m’arrêtai, je l’aurais fait mourir !…

Je la reconduisis à sa famille en pleurs.


… Huit jours après, elle avait pris son vol vers des mondes meilleurs, Sarah la poitrinaire, la sœur des anges !