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Viens, oh ! viens sur les tombes des bienheureux, nous jurer le premier et le dernier de nos amours mortelles ! »


Elle dit. Et déployant son voile noir autour de ma tête, elle approcha de mes yeux ses yeux en pleurs, et regarda jusqu’au fond de mon âme à travers leur transparence.

Moi je crus que l’aile d’un ange avait touché mes cheveux et que je buvais toutes les larmes qui se forment par delà le ciel.

Et sur son beau front malade, j’imprimai, frémissant, la marque de mes lèvres. Et la pauvre enfant se laissa tomber, défaillante, dans mes bras. Je crus, moi, qu’elle ne se relèverait plus ! Et j’étais plus mort qu’elle ! Et je cherchais à faire renaître sa vie sous mes sanglots ardents ! !

Enfin les deux rangées de ses cils se séparèrent, et l’azur des cieux se réfléchit de nouveau dans l’azur de son œil…

— « Chante, ô chante ma mort, soupira-t-elle, mon bien-aimé ! »


Et moi, je chantai, je dis, je soupirai, ou plutôt je pleurai ce qui suit :

« Astres splendides, soleil sanglant, voûte étendue des cieux, étoiles et nuages, jetez un regard ami sur la jeune fille qui, lassée 444 de la terre, libre, et rêveuse, et malade, se rapproche, tremblante, de vos sphères infinies !

» Qu’elle soit la bienvenue dans le concert des