Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je cherche les morts que j’aime parmi les foules pressées. — Et souvent je les y retrouve ; ils me frappent par leurs manières, leurs traits, le timbre de leurs voix. Ils sont vivants, ils marchent : — Bonjour, amis ressuscités !

Je les cherche dans les œuvres des poètes et des artistes. — Et souvent j’y retrouve leurs pensées, leurs paroles, leurs caprices, la mélodie de leurs chants. Ils sont vivants, ils parlent : — Bonjour, amis ressuscités !

Je les cherche dans les diverses classes sociales, chacun à la place que lui assignent ses facultés agrandies par son passage sous la terre, notre mère féconde. — Et souvent je les y retrouve, ambitieux, ou rêveurs, ou palpitants d’amour : — Bonjour, amis ressuscités !

Je les cherche en me couchant, en m’éveillant, à travers les larmes secrètes qui tombent de mes yeux, dans les rires éclatants 439 qui sortent de ma gorge, dans tous les actes de mon existence, et de jour et de nuit. — Et je les trouve souvent à mon chevet et sur ma route, toujours souriants, toujours consolateurs. — Bonjour, amis ressuscités !


… Je rêve : — cela ne fait de mal à personne, et cela me fait tant de bien ! — Ah laissez-moi rêver !