Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de ses amis. Cœurderoy chante la gloire de l’Amour et nous présente le seul petit poème que nous connaissions de lui. Mais les pensées de mort le reprennent, et il écrit ce qu’on pourrait appeler l’utopie des funérailles libres. Il possède alors, dit-il, deux êtres dans lesquels il place une confiance entière, « mon ami » et « celle que j’aime » ; sans doute Xavier Charre et sa jeune femme.

Sa santé s’améliorait, lorsque, tout à coup, le 22 juillet 1855, la police l’arracha brutalement de sa retraite ; « sous prétexte d’aliénation mentale », il fut expulsé des États du roi de Piémont. Il flétrit le prétexte de l’expulsion et tout le système policier de mille fers rouges dans Une Feuille de mon dossier détachée des cahiers de la police (chapitre sans date et, comme tout ce qu’il écrit à partir de cette expulsion, sans indication de lieu). Ses lettres furent ouvertes, ses livres saisis (bizarre façon de soigner un prétendu aliéné !), et il quitta l’inhospitalier pays. Nous ignorons où les deux époux se rendirent. Le 17 août 1855, Cœurderoy donne la description d’une montagne à vue étendue où il se trouve (t. II, p. 51) ; quelques détails peuvent s’appliquer aux montagnes du Tessin des environs de Lugano. Le Tessin aurait été en effet le seul pays de langue latine dans l’Europe centrale où il pouvait encore trouver un asile temporaire, pour le reste de l’été,