Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avec le souvenir des grandes batailles ils évoqueront le génie du Carnage et l’ange de la Transformation ; d’une voix retentissante ils éveilleront les morts ; ils recueilleront les chants de triomphe du vainqueur, les imprécations du vaincu.


Libres dans le temps, infinis dans l’espace, ils estimeront à leur juste valeur les passions superbes qui traînent les guerriers à l’œuvre des discordes. Ils feront la part des rois comme celle des peuples, comme celle de l’irrésistible fatalité qui les pousse les uns contre les autres.

À leurs yeux immortels, bien petits paraîtront ceux qui se croyaient le plus élevés, bien aveugles ceux qui se réputaient plus clairvoyants que le lynx. Combien ont conservé qui ne voulaient que détruire ! Combien ont détruit qui faisaient tout pour conserver ! — Les morts sauront cela.

Causes ou instruments, assassins ou victimes, les héros du plus grand poids seront trouvés légers dans l’éternelle balance. L’impartialité de l’histoire : illusion ! L’opinion de la postérité : mensonge ! La réhabilitation : chimère ! Les sociétés obéissent aux passions de leurs temps. Les morts sont nos vrais juges !

Et leur voix impérieuse, infaillible, inévitable, leur voix qui vibre au fond des cœurs les plus noirs, nous l’appelons la Conscience ! la Conscience ! !


Et quand le Rêve radoteur bercera leurs âmes sur la vallée paisible, ils entendront le Noël du