situation exceptionnelle, aura alors jugé avantageux de donner sa fille à un jeune homme qui était un bon parti, l’unique héritier des Cœurderoy, gens très à leur aise. Il n’aura donc pas découragé l’intérêt que les récits faits sur Ernest Cœurderoy avaient pu faire naître dans le cœur d’une jeune fille à peine âgée de vingt ans. On aura sans doute usé de grands ménagements pour ne pas effaroucher Cœurderoy ; tout aura dû lui paraître se passer spontanément. Il venait d’écrire son chapitre Marie Capelle, où il met à nu les dessous de l’âme bourgeoise, — et immédiatement après il tombe lui-même dans le traquenard de ce petit complot bien bourgeois, véritable comédie de famille : sans doute le changement qui se produisait ainsi dans sa situation lui souriait ; mais peut-être aussi l’innocente comédie devait-elle devenir le point de départ d’une longue tragédie ; qui le sait ?
La maladie ou le malaise ne l’ont pas quitté. Le chapitre Le Lac d’Annecy (Annecy, juillet 1855) contient de nouvelles plaintes ; l’écrivain cherche en vain le bonheur. « Je veux renaître à la vie qui s’agite à mes côtés… Ah ! s’il n’est pas trop tard… » Il parcourt le lac « avec celle que j’aime », admire la nature sauvage de la Savoie, visite la maison de Mme de Warens. Germain Vallier (1821-1883), proscrit du 2 décembre, botaniste, alors secrétaire d’Eugène Sue, est, à ce moment,