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Du sein de l’Atlantique s’élève un rocher nu, flagellé par les vagues, brûlant sous le soleil de l’Équateur. Il n’est guère plus visible qu’un écueil, il n’est pas marqué sur la carte de monde. Mais il occupe la pensée de tous les hommes, mais c’est le soleil moderne, mais le pèlerin qui peut aborder à Sainte-Hélène en rapporte une branche du saule qui pleure sur les tombeaux. Mais à un quart de siècle de distance, deux nations puissantes y envoyèrent leurs vaisseaux en l’honneur d’un seul homme ; le Bellérophon d’Angleterre l’y déposa plein de vie, la Belle-Poule de France l’en ramena mort. La trahison put seule l’emprisonner, seule l’humiliation payer son rachat !… Et lui, submergea l’une et l’autre dans le torrent de sa splendeur.

422 Sainte-Hélène et Paris ! Grande-Bretagne et France, Hudson Lowe et Napoléon ! rien ne peut séparer ces noms et ces souvenirs : ni la grande alliance d’Occident, ni le fer de ses armées, ni le feu de ses bronzes. Tout le sang versé, toutes les eaux de la mer n’effaceront jamais la prudence barbare de l’Angleterre marchande et la gloire sanglante de la France impériale.

Et ce Bonaparte fut-il grand parce qu’il entoura sa tête d’une mince feuille d’or, parce qu’il fit suivre d’un numéro d’ordre son prénom plébéien ? Ou bien parce que l’audace et le génie déchaînèrent leurs fureurs dans son âme orgueilleuse ? Est-ce l’empereur, l’allié des rois, que nous vénérons