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future, de la Terre céleste, seront aériennes, séraphiques, parfumées, sveltes, vaporeuses, comme la Vierge Marie, l’Andalouse du divin Murillo, comme les nuages bleus. Elles nous feront frissonner d’extase quand elles passeront sur nos paupières le bout de leurs doigts roses, impalpables. Leur haleine sera fraîche comme la rosée des nuits. Un sourire de leurs lèvres nous révélera les Espaces infinis, l’Éternité 415 profonde. Mais de pareilles amours ne pourront pas durer, elles se consumeront par l’excès même de leurs ardeurs. Et dans l’intervalle les hommes deviendront froids, rêveurs, studieux, solitaires. L’amour exclusivement sensuel, l’amour monotone, l’amour de calcul, de débauche, de priapisme, l’amour salace du pourceau ne sera plus possible. Les filles des hommes ne serviront plus d’éponges aux banquiers. — Hosannah !  !

… Et comme j’ai vu ces Cieux, chacun pourra les voir sur terre durant la lente évolution des siècles !


En vérité je vous le dis, je vois le Jardin, le beau jardin d’Éden, le jardin d’espérance ! Que de fleurs de pourpre et d’azur ! Que de lauriers et de roses ! Que d’allées fuyantes, perdues sous les futaies ! Que de fruits dorés, brunis par le soleil ! Que d’abeilles, de papillons, de miel et de nectar ! Je vois les vertes libellules voler sur les ruisseaux, entre le bleu du ciel et le vert des ondes. Je vois des joncs épanouis, des renoncules, des margue-