Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de son pays, qui ne saurait plus lui plaire, s’il rentrait, à ce qu’il s’imagine. Ce retour à la polémique vive et cassante montre que la crise de l’hiver était terminée. En Juin 1855, à Annecy, il dressa le tableau terrible de la misère du peuple travailleur, Le Prolétariat à Turin. L’enfer sur terre, un martyrologe classique.

Ayant repris sa santé, ce dont témoigne sa grande activité littéraire d’avril à juin 1855, il se fixa à Annecy, au bord du lac de ce nom, en Savoie. C’est de là (mois de juin) que sont datés les chapitres Ecce homo (le Christ révolutionnaire) ; Marie Capelle (Madame Lafarge), et le Prolétariat à Turin. Le chapitre Marie Capelle marque pour moi le zénith de sa puissance littéraire. Qu’on relise les pages sur Byron, sur la famille, la justice, la science officielle et les experts, le hideux Orfila, le gouvernement, la religion et son personnel, les prisons, les journalistes, le mariage, etc., et on y trouvera peut-être le plaidoyer le plus ardent qu’on ait écrit, dans une œuvre littéraire, pour le droit de la femme d’être traitée en être humain, et la flétrissure la plus véhémente des institutions oppressives dont un homme libre se sent entouré de tous côtés. Avec cela, c’est plein de verve et peint avec des couleurs qui n’ont rien perdu de leur fraîcheur éblouissante.

À ce moment, quand son talent avait atteint