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passé deux nuits, martelant dans le zinc la couronne déposée sur le char funèbre, Xavier Charre, un ouvrier, un proscrit ! Son patron lui donna cinq francs de la main gauche, tandis qu’il en recevait, lui, deux cents de la main droite. 403 Combien plus en touchèrent tous ceux qui forment cette interminable chaîne d’exploitation qui relie le ministre à l’ouvrier !

Dies iræ ! Dies illa ! !


IX


Sur la rive droite de l’Éridan, en face de la ville aux maisons arquées, s’élève un temple dont le dôme est brillant. C’est la Gran-Madre di Dio que les Piémontais construisirent, en signe de délivrance, quand les ducs de Savoie rentrèrent dans leurs états de Terre-ferme, après la chute de Napoléon empereur et roi.

C’est là que le cortège des rois les quitte et que l’évêque de Turin leur demande s’ils veulent monter à Supergà ? ! Les augustes morts ne répondant rien, on suppose qu’ils consentent. Et on leur dit adieu.


Adieu ! c’est un fétu sur des abîmes, un point noir dans les cieux, une goutte de sang dans la mer, un soupir dans l’espace, une seconde dans l’éternité !

Dans la langue des amants, des maris et des mères, adieu, c’est désespoir !