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ture a mille voix formidables pour chanter l’hymne de ses colères :

Dies iræ ! Dies illa ! !

Et de mes yeux inquiets je cherchai dans l’étendue des cieux. Et voici : je vis un épervier blessé à mort tournoyer deux fois sur ses ailes sanglantes, tomber du haut des airs sur la blanche neige, se débattre et mourir ! Et dans le même instant, tous les petits oiseaux qui étaient sur les arbres volèrent près de l’épervier mort. Et d’une voix lamentable ils criaient :

Dies iræ ! Dies illa ! !


La brume du matin baise la chevelure des forêts. L’Aurore à douce lumière réveille les mondes. — L’Aurore qui ne connaît point les paresseuses caresses d’amour, la pauvre fille toujours fraîche, toujours vierge et vigilante, sacrifiée dans sa jeune tendresse comme une religieuse :

Dies iræ ! Dies illa ! !

Je redescends la pente des monts, l’esprit fatigué des présages sinistres. Hélas ! il n’est pas de prophètes de bonheur ! De son doigt qui détruit, le Dieu du Mal les a frappés tous :

Dies iræ ! Dies illa ! !


Ce jour-là, Turin la belle ville est en deuil, en deuil royal. Sur la place Vittorio-Emmanuele les lourds fourgons s’alignent ; les drapeaux aux trois couleurs déploient, au gré des vents, leurs longs voiles de crêpe ; les fenêtres sont tendues d’inscrip-