remplis de fraîches impressions de la beauté du lac de Genève et de la Montagne ; et ce fut peut-être au cours d’une traversée rapide de la Suisse qu’il prit les arrangements nécessaires pour faire imprimer le Hurrah ! De l’Italie, le Piémont seul était accessible alors à un proscrit ; et ayant à choisir entre des villes comme Nice, Gênes, Turin, etc., s’il échoua à Turin, ce fut peut-être parce que c’était la ville la plus rapprochée de la Suisse, ou bien parce que son ami Xavier Charre y passa également cet hiver-là, travaillant de son métier de ciseleur.
Toutes les impressions de Cœurderoy à Turin furent sombres. En janvier 1855, il écrit le chapitre si triste : Marina. Sur le suicide ; en avril, les chapitres La Basilica di Superga, tomba dei reali di Savoia, inspiré par la mort des deux reines en janvier ; Federico Robotti (sur la mort d’un jeune homme) ; Victor Hennequin. Le Ciel sur terre (à l’occasion de Sauvons le genre humain, livre paru à Paris en 1853) ; Culte des Morts. Mais si une tristesse mortelle paraît écraser l’auteur sous son poids, voilà qu’il se relève de nouveau et nous donne dans le même mois le Chant de l’Exilé, Patrie de l’Avenir, un de ses plus brillants chapitres, avec son utopie, son essai sur la littérature de l’exil et une raillerie des bourgeois de la ville où il a grandi, suivie de paroles plus attendries sur les charmes modestes de la nature