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meurt d’effroi ; les feuilles jaunies sont emportées loin des arbres ; les malades se laissent aller à l’évanouissement suprême.

Vous qui tenez à la vie, ne regardez pas trop longtemps le fleuve passer sous ses ponts, ne plongez pas la vue jusqu’au fond des abîmes, n’écoutez pas trop complaisamment la bise de janvier ! Nos sens ont leurs faiblesses, et la mort, ses séductions.


Rude mois que le mois de Janvier 1855 ! Il emporta bien des femmes et bien des enfants ! Et les vieillards octogénaires ne se rappellent pas en avoir supporté de semblable depuis 1829 !

Après les révolutions et les vengeances des années précédentes, 400 après les fléaux et les pestes de l’été, en même temps que la Famine et la Guerre, le Froid décime les hommes. Ah ! vous ne voulez pas agrandir le cercle des heureux du jour ! Eh bien donc la Fatalité moissonnera la population de la terre ; elle frappera riches et pauvres sans distinction, puisque les uns, et les autres sont également coupables !


De la royale maison de Sardaigne trois meurent dans ce mois fatal ! La première victime, c’est Maria-Teresa, fille impériale d’Autriche, épouse du magnanime Carlo-Alberto, mère du roi régnant. — Que les jésuites conservent dans l’eau salée le cœur de cette vieille bigote ! Elle eût trop gémi de voir supprimer les couvents !