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… C’est là que repose, entouré de sa postérité nombreuse, le plus orgueilleux, le plus noir des êtres que jamais portèrent les flancs d’une femme. Felipe II, l’âme damnée du révérend Torquemada. Sous sa domination cruelle, le monde saigna comme l’oiseau des champs sous la serre du tyran des cieux ; il le pressa, le foula, l’étrangla sans pitié. Et maintenant, os et poussière, il gît, foulé sous la pierre des montagnes, pressé dans une boîte de bronze, étranglé par le chapelet des vers suspendus à son cou. Roi des Espagnes, des Amériques et des Indes, la Mort est plus dédaigneuse encore qu’Elisabeth d’Angleterre, elle repousse ta main fatiguée de frapper. Et de tes trésors immenses, dispersés par l’Europe, les gais jeunes gens entretiennent la flamme des punchs aux reflets bleus !

… Relevez-vous, rois des Espagnes aux tours d’argent ! Aux limites des deux Castilles ont rugi les lions de bronze. Il y a de l’or, du sang, de la poudre et des canons, des soldats et des capitaines sur les flancs des sierras. Debout ! promenez vos armées glorieuses d’un pôle à l’autre. Relevez-vous.

… Rien ne répond qu’un rire infernal. — Rois des Castilles, 393 ce n’est pas votre voix aux accents redoutés. — Rien ne répond que le bruit sourd des ossements. — Rois des Castilles, ce n’est pas ainsi que retentissaient vos armures, pas ainsi que vous brisiez le mors sur les dents de vos coursiers.