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Soulevez-vous, opprimés ! Chantez, chantez les hymnes d’allégresse ! !


La Mort a tout à gagner ; elle n’a rien à perdre. Tout ce qu’elle n’ose prendre, on le lui refuse. C’est votre alliée ! Mangez, buvez comme elle ; servez-vous des festins partout où vous trouverez des couverts d’or et des mets recherchés. Le sang du riche est votre sang ; la chair du riche est votre chair. Vos os ont froid ; eh ! recouvrez vos os !

Soulevez-vous, opprimés ! Chantez, chantez les hymnes d’allégresse ! !


Vous êtes condamnés à mort ; c’est le destin précoce de tout homme juste sur cette terre ; c’est mon destin, c’est le vôtre. Acceptons-le ! Entre ce monde et nous mettons résolument le poteau d’infamie. Et du haut de ce trône glorieux les escabeaux des rois et leurs sceptres nous paraîtront des hochets bons pour les enfants. En vérité, je vous le dis, les puissants de la terre ont maladies, démences, douleurs et remords, comme nous, plus que nous ! Mais ils ne trouvent pas dans leurs tombes le doux sommeil qui répand sur les nôtres ses tentures rouges de pavots, le sommeil tranquille des existences sereines.

Soulevez-vous, opprimés ! Chantez, chantez les hymnes d’allégresse ! !