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élèves la tombe jusqu’au niveau du trône, Mort à la droite osseuse, je te salue !

Quand les rois comptent leurs états et mesurent la hauteur de leurs couronnes, tu frappes. Et les rois disparaissent comme la poussière des neiges. Autant en emporte le vent !

Quand les rois menacent, tempêtent et déchaînent la guerre, tu les prends par l’oreille. Et les rois te suivent comme des filous sans vergogne. Et tu les couches en long sous la pierre du sépulcre !

Quand les rois se prétendent plus grands que nous, tu les fais passer sous ton bras d’acier !


Ô la plus juste des révolutions, je te salue !

Les rois meurent : qu’importe aux peuples ? — Car les peuples sont morts par milliers dans les batailles. Et cependant 389 les rois jouaient aux échecs avec leurs os ; ils s’élevaient des piédestaux sur leurs cadavres !

Les rois ont froid dans leurs bières ; qu’importe aux peuples ? — Car les peuples ont eu froid dans les rudes hivers. Tandis que les rois se chauffaient le ventre dans les boudoirs de leurs palais !

Les rois sont serrés dans leurs bières : qu’importe aux peuples ? — Car les peuples étaient à l’étroit dans les prisons. Alors que les rois parcouraient leurs grands domaines au galop de leurs coursiers !

Les rois sont seuls dans leurs bières : qu’importe aux peuples ? — Car les peuples ont été seuls à boire la coupe des misères. Pendant que les rois, aidés de leurs courtisanes, se gonflaient d’impôts !