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deroy n’aurait conçu l’idée d’exclure d’autres arrangements économiques, dans le sens soit du communisme, soit de l’individualisme, pourvu que l’autorité sous n’importe quelle forme n’en fît pas partie.

Si on s’étonne qu’avec une telle soif de liberté Cœurderoy ait pu « appeler les Cosaques », envisageant d’un cœur léger le rôle du despotisme comme agent destructeur, exécuteur matériel de la pensée révolutionnaire trop faible pour déblayer le terrain, il faut se dire que son talent et sa perspicacité, comme toute autre chose, avaient leurs limites ; sa confiance dans le pouvoir régénérateur de la liberté était si grande, qu’il crut voir cette liberté sortir, rayonnante et victorieuse, du chaos même qu’il évoquait pour l’œuvre de destruction. Après tout, ceux qui, au lieu des Cosaques, font appel aux masses populaires, font également un saut dans l’inconnu ; et si nous disons, avec d’autres encore : « Régénérons-nous nous-mêmes, laissant là Cosaques et masses », sommes-nous moins utopistes ?

Cœurderoy a au moins le mérite de nous avoir révélé franchement toute sa pensée et de la discuter avec nous ; il fut en outre le premier qui accepta, des socialistes qui l’avaient précédé, ce que chacun lui parut offrir de meilleur, sans s’enfermer dans les étroites frontières d’une école. En face des polémiques écœurantes où s’en-